Texte de base
Réunis dans le cadre de la commission paritaire permanente de négociation et d'interprétation (CPPNI), mise en place par accord du 23 mai 2018 dans la branche des travaux publics,
Parmi les 36 catégories d'ECAP énumérées à l'article D. 5212-25 du code du travail, quatre sont expressément identifiées comme relevant du secteur des travaux publics :
Numéro de la nomenclature |
Intitulé de la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles-emplois salariés d'entreprise (PCS-ESE) |
---|---|
621a | Chefs d'équipe du gros œuvre et des travaux publics |
621c | Conducteurs qualifiés d'engins de chantiers du bâtiment et des travaux publics |
621e | Autres ouvriers qualifiés des travaux publics |
671c | Ouvriers non qualifiés des travaux publics et du travail du béton |
L'analyse de nos métiers, réalisée par l'OPPBTP, montre également que notre branche d'activité est concernée par d'autres catégories d'ECAP, à savoir :
Numéro de la nomenclature |
Intitulé de la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles-emplois salariés d'entreprise (PCS-ESE) |
---|---|
624d | Monteurs qualifiés en structures métalliques |
621b | Ouvriers qualifiés du travail en béton |
621g | Mineurs de fond qualifiés et autres ouvriers qualifiés des industries d'extraction (carrières, pétrole, gaz…) |
643a | Conducteurs livreurs et coursiers |
651a | Conducteurs d'engins lourds de levage |
671d | Aides-mineurs et ouvriers non qualifiés de l'extraction |
Bien que ces catégories d'ECAP aient été en partie rattachées par l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) à d'autres secteurs d'activité, les parties signataires se sont interrogées sur la pertinence de maintenir ou non l'ensemble de ces ECAP au sein de la liste définie à l'article D. 5212-25 du code du travail.
Pour les motifs précédemment exposés dans le préambule, reposant sur les spécificités de l'activité de chantier, les contraintes professionnelles et l'état de la technologie actuelle, les parties signataires affirment que les ECAP cités ci-dessus doivent être maintenus dans la liste précitée.
Le bénéfice depuis 1988 du dispositif des ECAP n'a jamais empêché la branche des travaux publics à travailler pour améliorer l'insertion dans notre secteur des personnes en situation de handicap.
Les parties signataires rappellent que le dispositif d'ECAP ne constitue ni une interdiction à l'emploi des personnes en situation de handicap sur les postes visés, ni un moyen de dispenser les employeurs de leur obligation d'emploi des travailleurs handicapés. L'accueil de ces derniers est non seulement possible dans notre branche d'activité, mais il est également souhaitable en ce qu'il constitue un atout pour les salariés et l'entreprise : l'acceptation de la différence faisant progresser l'esprit d'équipe et la solidarité.
Au regard des chiffres relevés dans le cadre du tableau de bord de la responsabilité sociétale des entreprises de travaux publics, mis en place par l'accord collectif national du 7 avril 2011, le pourcentage de salariés en situation de handicap dans l'effectif des salariés permanents progresse depuis 2011, passant de 2,6 % en 2011 à 3,1 % en 2016 (voir annexe I). En dehors des entreprises non assujetties à l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés, cette augmentation est constatée pour toute taille d'entreprise.
Malgré la progression enregistrée dans notre secteur d'activité, le taux d'emploi des travailleurs handicapés reste inférieur à la moyenne relevée au niveau national (secteur privé : taux d'emploi de 4,4 % en 2015 (1) ).
C'est pourquoi, les parties signataires s'engagent à apporter des outils concrets aux salariés et entrepreneurs pour promouvoir des actions favorisant l'accès à la vie professionnelle des personnes en situation de handicap.
À cet effet, elles engageront dans le cadre de l'agenda social de 2020 la révision du guide paritaire de bonnes pratiques, signé par les partenaires sociaux le 31 mai 2012, portant sur le maintien et l'insertion dans l'emploi des travailleurs en situation de handicap dans les entreprises de travaux publics (voir annexe II). Cette révision aura pour objet d'intégrer les modifications de la réglementation intervenues depuis 2012 et sera l'occasion d'étudier les opportunités éventuellement apportées par les évolutions numériques et technologiques en matière d'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap.
Avec l'appui technique de l'OPPBTP, le guide intégrera également une partie relative à l'analyse détaillée des différentes nomenclatures actuelles des ECAP et des propositions d'évolutions progressives au regard des avancées technologiques et connaissances médicales.
Ce travail de révision sera réalisé sur la base d'un recensement des pratiques au sein des entreprises de Travaux Publics, de toute taille.
(1) Rapport IGAS-IGF, « Le mode de financement de l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés », décembre 2017.
Dans le cadre de l'agenda social, un suivi annuel des travaux prévus à l'article 2 du présent accord sera réalisé. Un bilan de ces travaux sera dressé dans un délai de 5 ans à compter de la signature du présent accord.
Les résultats de ces travaux feront l'objet d'une promotion auprès des pouvoirs publics en vue d'une évolution de la liste des ECAP.
Le présent accord est conclu pour une durée indéterminée et entrera en vigueur au lendemain du jour de son dépôt.
Toute organisation syndicale non signataire du présent accord collectif national pourra y adhérer conformément à l'article L. 2261-3 du code du travail.
Le présent accord peut être révisé à tout moment pendant sa durée d'application, sous réserve du respect des dispositions ci-dessous.
Toute modification, révision totale ou partielle ou adaptation des dispositions du présent accord, ne peut être effectuée que par des organisations syndicales d'employeurs et de salariés représentatives dans le champ d'application de l'accord. Celles-ci sont invitées à la négociation.
Les demandes de révision sont engagées conformément aux dispositions de l'article L. 2261-7 du code du travail, à condition d'être notifiées dans les formes prévues pour la dénonciation aux organisations visées à l'article L. 2261-7 précité, accompagnées d'un projet concernant les points dont la révision est demandée.
Le présent accord pourra être dénoncé par l'une des organisations signataires ou adhérentes sous réserve du respect d'un délai de préavis de 6 mois. Cette dénonciation devra être notifiée à toutes les autres organisations signataires ou adhérentes par lettre recommandée avec avis de réception et devra faire l'objet d'un dépôt.
Le présent accord restera en vigueur pendant une durée de 1 an à partir de l'expiration du délai de préavis ci-dessus, à moins qu'un nouveau texte ne l'ait remplacé avant cette date.
Le présent accord est déposé à la direction générale du travail et au secrétariat-greffe du conseil de prud'hommes de Paris.
Afin de répondre à l'invitation faite par la loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018 d'engager des négociations en vue d'élaborer des propositions pour réviser la liste des emplois exigeant des conditions d'aptitude particulières (ECAP), les partenaires sociaux des travaux publics ont sollicité l'appui de l'OPPBTP.
Les travaux publics rassemblent une large palette de métiers et d'activités au sein de 8 000 entreprises de toutes tailles. Plus de 250 000 collaborateurs y contribuent, actifs au quotidien sur chantier pour une large majorité.
Les travaux de l'OPPBTP soulèvent que la nature de l'activité « chantier » induit une organisation du travail spécifique au regard des caractéristiques suivantes :
– l'évolutivité du milieu de travail. Quel que soit le type de chantier, les volumes construits ou dégagés évoluent en permanence, créant des obstacles ou des vides dans des endroits qui n'existaient pas les jours précédents ;
– l'aléa situationnel. Par la survenue d'événements imprévisibles liés à la nature du terrain, les salariés sont amenés à modifier très fréquemment la tâche prévue pour s'adapter à la situation du moment ;
– la gestion de la co-activité. Quelles que soient la finesse de la définition dans la programmation et la localisation des tâches, la multiplication des intervenants issus d'entreprises différentes empêche de modéliser la totalité des interactions liées à la co-activité. Cette nécessaire adaptation renforce la fréquence et l'intensité des aléas situationnels évoqués ci-dessus ;
– la multiplicité des gestes professionnels. Les métiers des travaux publics exigent peu de répétitivité. En revanche, chaque salarié est confronté à la réalisation de tâches extrêmement variées au cours d'une même journée de travail, indépendamment du caractère aléatoire évoqué ci-dessus.
La prise en compte des risques induits par tous ces facteurs donne lieu à l'établissement de processus rigoureux et d'une mécanisation importante. Néanmoins l'exercice de ces métiers exige bon nombre d'aptitudes indispensables qui complexifient l'emploi de personnes privées des capacités correspondantes. Tous les facteurs de troubles psychologiques et cognitifs induisent une grande vulnérabilité face aux évolutions d'environnement et aux imprévus. Les troubles sensoriels aggravent le risque de non-détection du danger. Les handicaps dans la motricité pénalisent dramatiquement toute action de mobilité dans un environnement qui ne peut être maîtrisé à chaque instant.
La liste des ECAP n'a pas vocation à interdire par principe aux personnes handicapées d'occuper les postes figurant sur cette liste. En revanche, elle protège ces dernières face à des contraintes objectivées qui nécessitent une grande vigilance vis-à-vis de l'environnement de travail, afin de ne pas exposer les autres intervenants sur chantier et le public à l'occasion de l'exécution de ses propres tâches. Elle protège également tous les salariés face à une réaction inadéquate d'une personne privée des modes de réaction adaptée et qui ferait peser un risque à son environnement de travail.
Au-delà de la segmentation générale qui figure à ce jour sur la liste des ECAP, les partenaires sociaux ont sollicité l'appui de l'OPPBTP pour engager un travail d'analyse fine des différents métiers pour évaluer les aptitudes physiques, sensorielles, psychiques et mentales nécessaires pour assumer leurs tâches. En croisant cette analyse avec les fiches techniques d'aptitudes dressées par l'IGAS, la conclusion ne diffère pas de celle des principes généraux énoncés ci-dessus.
C'est pourquoi, le maintien de la liste d'emplois dans le secteur des travaux publics exigeant des conditions d'aptitudes particulières (ECAP) dans le cadre de la loi du 10 juillet 1987, modifiée par la loi du 11 février 2005, est une réponse adaptée aux spécificités dans les activités des travaux publics.
Néanmoins les parties signataires sont soucieuses de l'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. Elles ont la volonté de faire progresser la situation dans ce domaine, tout en s'assurant du respect des règles de santé et de sécurité des travailleurs.
Pour ce faire, malgré les particularités inhérentes à l'activité de chantier, les partenaires sociaux examineront le cheminement parcouru lors des dernières années dans la démarche d'intégration de personnes en situation de handicap et se projetteront dans l'avenir pour améliorer ses performances en la matière.
Annexe I
Pourcentages de salariés en situation de handicap dans l'effectif des salariés permanents des entreprises de travaux publics
Nombre de travailleurs handicapés parmi les salariés permanents TP en CDD ou CDI de 2011 et 2016 (2) :
Tranche d'effectif de l'entreprise |
2011 | ||
---|---|---|---|
Effectif handicapés | Effectif TP | Part de handicapés dans l'effectif TP |
|
De 1 à 20 salariés | 379 | 38 839 | 1,0 % |
De 21 à 100 salariés | 1 790 | 68 101 | 2,6 % |
De 101 à 500 salariés | 1 671 | 61 982 | 2,7 % |
Plus de 500 salariés | 2 932 | 90 231 | 3,2 % |
Total | 6 772 | 259 153 | 2,6 % |
Tranche d'effectif de l'entreprise |
2016 | ||
Effectif handicapés | Effectif TP | Part de handicapés dans l'effectif TP |
|
De 1 à 20 salariés | 476 | 35 909 | 1,3 % |
De 21 à 100 salariés | 1 776 | 59 980 | 3,0 % |
De 101 à 500 salariés | 2 161 | 60 187 | 3,6 % |
Plus de 500 salariés | 2 763 | 79 166 | 3,5 % |
Total | 7 176 | 235 242 | 3,1 % |
(2) Tableau de bord RSE des entreprises de travaux publics, 2017
Annexe II
Guide de bonnes pratiques pour le maintien et l'insertion dans l'emploi de travailleurs en situation de handicap dans les entreprises de travaux publics
(Guide non reproduit, consultable en ligne sur le site www.journal-officiel.gouv.fr, rubrique BO Convention collective.)
https://www.journal-officiel.gouv.fr/publications/bocc/pdf/2019/0044/boc_20190044_0000_0017.pdf